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Vers une lecture critique des sources sur internet - effets d'une intervention pédagogique auprès d'adolescents en classe de troisième
Monica Macedo-Rouet, Ana Perez  1@  , Anna Potocki  2@  , Marc Stadtler  3@  , Ladislao Salmerón  4@  , Johanna Paul  3@  , Jean-François Rouet@
1 : CeRCA
Université de Poitiers
2 : CeRCA - Université de Poitiers
Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
Poitiers -  France
3 : University of Muenster
Muenster -  Allemagne
4 : University of Valencia
Valencia -  Espagne

Cette étude de type recherche-action visait à promouvoir la capacité des élèves de Troisième à lire et interpréter de façon critique des informations issues de différents types de sources, notamment dans les environnements numériques. Elle s'inscrit dans la phase finale d'un projet de trois ans financé conjointement par l'Agence Nationale de la Recherche, la Deutsche Forschungsgemeinschaft (Allemagne) et la Communauté de Valencia (Espagne). L'étude s'appuie sur les résultats de nos recherches précédentes ainsi que sur d'autres travaux de référence dans ce domaine (Boubée & Tricot, 2011 ; Flanagin & Metzger, 2010).

L'objectif de l'étude était de mettre au point une méthodologie efficace pour développer la capacité des élèves à raisonner de façon critique sur les informations qu'ils lisent dans le cadre scolaire et extra-scolaire, en particulier sur le Web et les réseaux sociaux.

Une intervention pédagogique sous forme d'ateliers réalisés en groupe-classe a été mise au point et testée sur une période de 8 semaines. Trois ateliers ont été élaborés en mettant chacun l'accent sur une dimension particulière : (1) compétence de la source, (2) intention de la source et (3) vérification de l'information avant publication. Chaque atelier avait une forme similaire. D'abord les élèves lisaient deux pages Web présentant des informations contradictoires sur un sujet. S'ensuivaient des discussions sur la manière de résoudre l'apparente contradiction en s'appuyant sur les informations de la source (p. ex., est-ce que l'auteur est un professionnel du domaine ?). Après un petit point théorique, les élèves devaient réaliser une série d'exercices portant sur des petits textes ou sites web qu'ils devaient noter sur une échelle de 0 à 4 en fonction du critère travaillé. Leurs réponses étaient reprises en groupe classe et une correction proposée. L'idée lors de la correction était d'amener les élèves à avoir une réflexion quant au statut de la source plus que de proposer une seule bonne ou mauvaise réponse.

Les participants étaient 150 élèves de 3ème (âge moyen = 14.72 ans) issus de quatre collèges de Poitiers et St Benoit. Dans chaque collège, une classe expérimentale participait aux séances pédagogiques et une autre classe constituait un groupe contrôle.

Au cours des pré- et post-tests, les élèves ont été évalués sur leur capacité à effectuer une lecture critique des informations sur la base de différentes tâches. Dans une première tâche, ils devaient évaluer une série de descriptions de sites web sur un thème donné sur une échelle allant de 0 (« je n'utiliserai certainement pas ce site ») à 4 (« j'utiliserai certainement ce site »). Une seconde tâche nécessitait la lecture de deux courts textes publiés dans différents sites Web présentant des informations contradictoires sur un sujet précis (ex. les économies réalisées avec l'énergie solaire).

On observe que les élèves ayant participé aux ateliers pédagogiques choisissent lors des post-tests préférentiellement les textes issus de sources compétentes et fiables comme base de leurs réponses. Pour justifier leur choix, ils s'appuient davantage sur des critères liés à la source que sur des éléments purement de contenu.

Enfin, les élèves du groupe entrainé ont également tendance à répondre qu'ils ne consulteraient pas les sites provenant de sources peu fiables comparativement aux élèves du groupe contrôle. Les résultats tendent cependant à s'atténuer après quelques semaines.

En conclusion, il semble que les adolescents ne soient pas complètement dépourvus de compétences d'évaluation mais ces ateliers leur permettent de formaliser une démarche critique en s'appuyant sur leurs connaissances préexistantes et leur expérience d'utilisateurs d'internet. Le fait d'acquérir et d'apprendre à utiliser un vocabulaire pour décrire les sources d'information ainsi que de poser d'emblée la question de l'incertitude et de la justification des connaissances peuvent constituer des mécanismes sous-jacents aux progrès constatés.

Dans l'avenir nous envisageons d'étendre ce travail à d'autres niveaux scolaires et de rechercher les conditions d'une consolidation garantissant la pérennité des acquis.

Boubée, N. & Tricot, A. (2011) L'activité informationnelle juvénile. Paris : Hermès Lavoisier.

Flanagin, A. J., Metzger, M. J., & Hartsell, E. (2010). Kids and credibility: An empirical examination of youth, digital media use, and information credibility. MIT Press.

Macedo-Rouet, M., Rouet, J.-F. (2008). Qui dit quoi ? L'évaluation des sources, une compétence d'avenir. In : J. Dinet (Ed.), Usages, usagers et compétences informationnelles au XXIème siècle. Paris : Hermès Science Lavoisier, 97-122.


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