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Appel à communication

PROLONGATION DE L'APPEL A COMMUNICATION : 20 OCTOBRE

 

Contexte

Les recherches sur les usages du numérique en éducation semblent parvenues à une étape de relative maturité dans le paysage scientifique francophone : avec des revues maintenant bien installées (STICEF, ALSIC, Distance et Médiation des Savoirs, Revue internationale des technologies en pédagogie universitaire, Recherche & Formation), une communauté de chercheurs importante venant de différents champs disciplinaires, et des études de plus en plus robustes d’un point de vue méthodologique aboutissant à des résultats qui permettent une certaine cumulativité comme en témoigne l’ouvrage en hommage à Monique Linard (Albero, Simonian, Eneau, à paraître). Cette relative maturité ménage la possibilité de prendre un recul historique et critique vis-à-vis du numérique en éducation.

Le colloque s’emploiera donc à faire le point sur la question des usages du numérique en éducation et à examiner en particulier pourquoi la notion d’usage reste centrale dans la réflexion. Définie par Chambat (1994) comme une combinaison de pratiques de communication et de représentations qui leur sont associées, les usages du numérique peuvent constituer « un observatoire des cultures de travail du milieu » (Albero, 2013) et permettre de voir comment les différents acteurs (élèves, enseignants, parents, chefs d’établissement, étudiants et enseignants dans le supérieur et autres acteurs hors de l’école) s’emparent des outils numériques dont ils disposent, quels réseaux de signification ils (co)-construisent à leur sujet, et quels usages et « manières de faire » (Bonnery, 2009) ils déploient en lien avec des apprentissages formels ou informels et dans quels systèmes de contraintes. Le colloque s'intéressera aux pratiques éducatives en examinant l’usage des technologies comme un fait humain, historique et social qui implique des réseaux de relations, de significations, d’imaginaires, d’usages et d’actions (Hayles, 2013).

 L'objectif principal sera ainsi de dresser un état des lieux de la recherche pluridisciplinaire sur les usages du numérique en éducation afin d'examiner d’une part comment les outils technologiques modèlent, transforment, perturbent le rapport aux apprentissages, aux savoirs, à l’institution, aux interactions didactiques et, d’autre part, de faire un état des lieux critique des différentes méthodologies déployées pour étudier ces usages. Il ne s’agira pas dans ce colloque de présenter des pratiques pédagogiques recourant aux outils numériques, mais plutôt d’examiner quels construits théoriques et méthodologiques sont mobilisés par les chercheurs afin d’étudier les usages du numérique en éducation pour les apprentissages formels et informels et pour la transmission des savoirs et sur quels résultats empiriques leurs recherches s’appuient selon leurs ancrages disciplinaires et épistémologiques.

Trois axes principaux sont proposés :

Un axe épistémologique permettra d’interroger la force heuristique de la notion d’usage (et des notions connexes en distinguant par exemple usages et utilisations) et de voir comment cette notion est travaillée dans les différents champs disciplinaires et dans d’autres cultures scientifiques hors la France. Dans le même ordre d’idée, il sera pertinent d’interroger le syntagme « le numérique » et son association avec la notion d’usage. Cet axe sera aussi l’occasion de s’interroger sur la transdisciplinarité, la cumulativité des résultats, et l’histoire d’un champ qui s’est construit autour d’un fait sociotechnique. Quelles théories sont établies, prometteuses, émergentes pour étudier les usages du numérique ? Les interventions permettront de réfléchir, en les rattachant à des études de cas précises, à des concepts qui se déploient pour étudier des usages toujours en évolution (concepts d’espace, de temporalité, de domination et d’émancipation, d’inégalités …) et à leurs enjeux actuels.

Un axe méthodologique explorera les différentes méthodes qui sont utilisées pour étudier les usages, le potentiel de celles-ci, leurs limites et leur complémentarité, la cumulativité qu’elles ménagent. On pourra examiner par exemple la portée de recherches longitudinales, ethnographiques, celle des approches combinant analyses quantitatives et qualitatives, ainsi que les outils de recueil et d’analyse nécessaires à mobiliser pour de telles approches. On sera particulièrement intéressés par les méta-analyses qui permettent de comprendre des aspects relatifs aux usages numériques. On s’intéressera également aux phénomènes de digitalisation des pratiques et des méthodologies des chercheurs (recherche outillée, traçage informatique des usages, mutualisation de corpus…). Le potentiel des traçages (qu’ils soient informatiques ou non) pourra être examiné en lien avec les questions éthiques que cela soulève.

Un axe « enjeux » donnera l’occasion de (ré)interroger des questions vives dans le champ de l’éducation liées au numérique : la mobilité et l’espace, l’attention, les risques psychosociaux (cyberintimidation, cyberpornographie, addiction, etc.), les rythmes et les temporalités, les formes scolaires, la culture numérique et les littératies, les régimes d’appropriation, les inégalités, les identités d’apprenant et d’enseignant, les évolutions du métier d’Enseignant-Chercheur, les liens entre usages, éducation et apprentissages, ainsi que le potentiel transformatif des pratiques des recherches sur les usages. Les recherches s’inscrivant dans ce dernier axe s’attacheront à questionner les moyens de production et d’étude de données empiriques pour examiner les enjeux de manière critique.

Les travaux des chercheurs en sciences du langage, sciences de l’éducation, sciences de l’information et de la communication, sociologie, psychologie, philosophie, géographie, informatique et sciences cognitives sont les bienvenus.

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