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Pratiques informelles de l'anglais par des élèves de sixième
Laurent Perrot  1, 2@  
1 : Linguistique, Langues et Parole (LILPA)  (EA 1339 - Unistra)
université de Strasbourg
2 : Education Discours Apprentissages  (EDA - EA 4071)  -  Site web
Université Paris Descartes - Paris 5 : EA4071

Les évolutions récentes des technologies de l'information et de la communication (TIC), l'avènement d'une économie de l'information et des connaissances dans un monde désormais globalisé, impliquent une restructuration profonde des pratiques sociales d'objets technologiques toujours nouveaux, ceux-ci renouvelant par la même sans cesse leurs propres usages. Transposés à des usages pédagogiques au sein de l'Institution scolaire, ces objets technologiques (TICE) semblent devoir changer les règles jusqu'ici pérennes du cours de langues à la fois sur un plan géographique et temporel. En effet, la façon massive et protéiforme dont les étudiants sont exposés quotidiennement en dehors du temps scolaire (Sockett 2014), de façon consciente ou inconsciente, à la langue anglaise via, par exemple, les outils du Web 2.0, amène les professionnels de l'enseignement de la discipline à repenser leurs pratiques et leur rôle selon des paradigmes nouveaux (Toffoli / Sockett, 2013).

La recherche sur l'Apprentissage Informel de l'Anglais en Ligne (AIAL) a été ouverte, en France, au niveau universitaire par Toffoli et Sockett (2010). Ce champ de recherche reste cependant peu exploré au niveau secondaire. Il nous semble donc intéressant de poursuivre et d'élargir cette recherche sur l'AIAL et les pratiques informelles de l'anglais au sens large au niveau secondaire (collège et lycée).

Par ailleurs, une étude concernant les usages des TIC par des lycéens de classe de première (Guichon, 2012) a montré une « déconnexion » des usages à visée personnelle de ceux à visée scolaire, renvoyant ainsi l'institution à des questionnements profonds quant à la façon d'intégrer les TIC à ses curricula. De surcroît, ces pratiques informelles, technologisées ou non, se constituent de façon très personnelle au niveau de chaque apprenant, qu'il en soit conscient ou non. Étudier de façon approfondie les manières dont ces pratiques prennent corps au niveau de l'individu est un champ de recherche en constitution. La nature même des pratiques informelles bouscule donc les habitudes et interrogent plusieurs paradigmes préexistants dans le champ de la linguistique appliquée (Sockett, 2014), notamment l'autonomie de l'apprenant et l'autodidaxie de manière générale, la motivation de l'apprenant et les pratiques pédagogiques établies d'un modèle transmissif des savoirs.

Les pratiques informelles questionnent ainsi le système classique d'enseignement dit « formel » et on peut parfois opposer l'un à l'autre, faisant du sujet qui apprend en dehors de l'institution une figure dissidente du système scolaire (Fossé-Poliack, 1992). Il nous semble que faire dialoguer les deux contextes est une posture plus fructueuse et nous nous proposons donc de partir des apprenants en tant que partie prenante de leur propre parcours d'apprentissage afin de les interroger sur leurs pratiques informelles de l'anglais, celles-ci questionnant, de fait, le cadre formel dans lequel ils évoluent. Dans le cadre de cette communication, nous nous proposons donc d'interroger les différentes pratiques informelles d'élèves de 6ème en anglais à l'aide d'un questionnaire et d'en présenter les résultats. Cela nous permettra ensuite d'interroger la façon dont pratiques informelles et pédagogie formelle au niveau secondaire peuvent coexister de façon fructueuse ou non et d'enrichir une réflexion didactique plus globale sur le sujet. S'intéresser à la façon dont les élèves du secondaire, porteurs de leur propre historique d'apprentissage formel et informel, s'intègrent dans une plus ou moins grande mesure au dispositif d'apprentissage classe tel qu'il est proposé en milieu classe, c'est vouloir adresser de façon contextualisée le problème de la complexité des apprentissages qui est à l'œuvre au niveau de l'individu apprenant.

Fossé-Poliack, C. (1992). La vocation d'autodidacte. Paris : L'Harmattan.

Guichon, N. (2012). Les usages des TIC par les lycéens - déconnexion entre usages personnels et usages scolaires, dans Revue STICEF, Volume 19. Consulté le 15 septembre 2017 : http://sticef.univ-lemans.fr/num/vol2012/05-guichon/sticef_2012_guichon_05p.pdf

Sockett, G. (2014). The Online Informal Learning of English, Hampshire, UK : Palgrave Macmillan.

Sockett G. & Toffoli, D. (2010). « How non-specialist students of English practice informal learning using 2.0 tools », dans Van der Yeught, M. À l'intersection des discours de spécialité : hétérogénéité et unité, ASP 58, 2010, 125-144. [En ligne] Mis en ligne le 30 novembre 2013. Consulté le 26 juillet 2015 : http://asp.revues.org/1851

Toffoli, D. & Sockett, G. (2013). « University teachers' perceptions of Online Informal Learning of English (OILE) », dans Computer Assisted Language Learning, London : Routledge, 1-15.


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