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Education, diffusion et transmission des connaissances à l'ère numérique : quelle redistribution sociale des savoirs ? Une mise perspective sociologique des mutations en cours à travers l'exemple des jeunes (élèves, collégiens et lycéens)
Sylvia Girel  1@  , Matthieu Demory@
1 : Aix Marseille univ  (lames cnrs)
PRES Aix Marseille Université

Les transformations liés à l'ère numérique impactent aujourd'hui tous les mondes sociaux mais particulièrement ceux liés à l'éducation, à la diffusion et transmission des connaissances. Dans ce contexte, l'observation et l'analyse des pratiques, des usages et des représentations du numérique sont un enjeu majeur pour la recherche mais tout autant pour mesurer les effets des politiques publiques dans ce domaine et afin de comprendre, mesurer les mutations en cours dans la distribution sociale des savoirs. C'est autour de cette problématique que nous proposons d'intervenir en centrant notre propos sur les jeunes générations (élèves, collégiens et lycéens) et suivant deux axes : un axe analytique et réflexif sur les dispositifs, les publics et leurs pratiques (Sylvia Girel), un axe empirique avec la présentation de résultats d'enquête conduites récemment sur les usages du numérique au collège et au lycée, au cours d'événement dédiés comme les Open Bidouille Camp (Matthieu Demory). Plus globalement, il s'agira aussi de s'interroger sur les logiques de médiation à l'oeuvre dans le numérique aujourd'hui, qu'elles soient formelles et mises en œuvre dans le cadre d'actions structurées (mondes éducatifs, politiques publiques, etc.) ou informelles et relevant des dynamiques d'acteurs (associations, collectifs, fablab, etc.). L'objectif étant d'aborder la pluralité des enjeux lié à la diffusion et à la transmission des connaissances à l'ère numérique :

  • Enjeux culturels (développement de la culture numérique, scientifique, etc.),
  • Enjeux sociaux (accessibilité et démocratisation, nouveau espaces d'échanges réels et virtuels, nouveaux rapports au temps et aux espaces, etc.),
  • Enjeux politiques (nouveau paysage de l'enseignement, de la culture, etc.).

Les résultats de nos enquêtes en cours chercheront à montrer comment les différents acteurs (élèves, enseignants, parents, chefs d'établissement, étudiants et enseignants dans le supérieur et autres acteurs hors de l'école) s'emparent des outils numériques dont ils disposent et quels réseaux de signification ils (co)-construisent à leur sujet, quels usages et « manières de faire » différentiels (BONNERY, 2009) ils déploient. Les différents régimes d'appropriation, les inégalités, seront discutées à partir de données qualitatives (issues d'observations participantes, d'entretiens) et de données quantitatives (résultats des questionnaires). 

L'enjeu étant de traiter des régimes d'appropriation du numérique dans l'éducation, en tenant compte de la diversité des acteurs concernés : pouvoirs publics, établissements scolaires, enseignants, élèves et parents d'élèves.

Les fondements théoriques de ce projet se construisent sur plusieurs perspectives à la croisée de la sociologie de l'éducation et de la sociologie de la culture. Il s'agit dans un premier temps de déconstruire la catégorie « numérique », pour comprendre ce qu'elle révèle et justifier l'usage du terme « technologie cognitive » (BOULLIER, 2016 – CONEIN, 2004). Il s'agit ensuite de convoquer la sociologie des curricula, en empruntant et dépassant certains concepts, à l'instar du « dispositif pédagogique » (BERNSTEIN, 2007) numérique et de « l'expérience scolaire » (ROCHEX, 1995) numérique. Enfin nous porterons une attention particulière aux réactions des acteurs sociaux face à ce processus d'intégration du numérique dans l'éducation, en travaillant des notions telles que la « résistance », l'« appétence » ou encore l'« appropriation ». Nous croiserons ici des questionnements sur la réception et le concept d'horizon d'attente (1) (JAUSS, MOLINO, PASSERON), les travaux sur les publics des arts et de la culture pouvant contribuer à affiner et préciser l'analyse.

Les données, sur lesquelles s'appuie cette proposition, proviennent de plusieurs études différentes : une enquête de terrain menée au sein d'un collège en situation rurale et bénéficiaire du Plan Numérique pour l'Education ; une enquête de terrain, conduite au sein d'un lycée du centre-ville d'une grande métropole ; des enquêtes conduites lors de la réalisation des Open Bidouille Camp (édition 2017, Aix-en-Provence).

(1) Sur la définition de ce concept voir le lexique Socius : http://ressources-socius.info/index.php/lexique/21-lexique/43-horizon-s-d-attente

Bernstein, B. (2007). Pédagogie, contrôle symbolique et identité. Théorie, recherche, critique. Presse Universitaire de Laval.

Boullier D. (2016). Sociologie du numérique. Armand Collin.

Conein B. (2004). Cognition distribuée, groupe social et technologie cognitive. Réseaux, 124, 53-79.

Passeron J.-C. & MOLINO J. (2015). Le mixte et le singulier. Épistémologie des sciences sociales et théories de l'esthétique, EHESS, février 2015, http://triangle.ens-lyon.fr/spip.php?article4325

Rochex, J.-Y. (1995). Le sens de l'expérience scolaire. Paris : PUF.


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