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Les usages du numérique et les compétences du 21ème siècle dans la formation des enseignants: une rhizoanalyse
Francis Bangou  1@  , Gene Vasilopoulos  1@  
1 : Université d'Ottawa

La question des usages du numérique en éducation s'inscrit dans un cadre réflexif plus large associé au rôle joué par l'école dans la formation des générations futures. En effet, de plus en plus les enseignants sont appelés à utiliser des technologies en constante évolution dans le but, entre autres, de promouvoir et de cultiver les compétences que tout apprenant du 21e siècle devrait posséder au sein de notre société numérique (C21 Canada, 2015) y compris: 1) la capacité de suivre des processus mentaux créatifs; 2) la capacité de gérer et de s'adapter à des environnements de travail complexes et en constante évolution; et 3) la capacité d'apprécier la différence, le désordre et l'ambiguïté (C21 Canada, 2012, p. 11). Il importe alors que le personnel enseignant possède lui aussi ces compétences, car c'est lui qui avec les parents est en premier lieu chargé de l'éducation des générations futures. Malheureusement, la recherche montre que souvent les enseignants novices ne se sentent pas prêts à faire face à de tels défis en partie parce que les programmes de formation ne les préparent pas forcément à travailler dans des environnements changeants et à tirer parti du potentiel créatif de la différence, du désordre et de l'ambiguïté (Roy, 2003). Il n'est donc pas surprenant que certains experts dans le domaine de la formation des enseignants remettent en question la pertinence des programmes de formation ainsi que les méthodes utilisées par la recherche pour améliorer ces formations (McKay, Carrington et Layer, 2014). Il importe alors pour tout chercheur et formateur qui s'intéresse aux usages du numérique de comprendre ce que cela implique de développer les compétences du 21e siècle, notamment celles associées à la créativité et au changement. Cela supposerait aussi que l'on soit confronté à notre propre capacité à développer ces compétences en tant que formateur et en tant que chercheur.

Cette communication s'inscrit dans cette mouvance et illustrera ce qui pourrait éventuellement arriver si au lieu de privilégier l'interprétation humaine ou la perception consciente nous nous engagions en tant que chercheur et formateur dans l'opacité et la complexité du devenir des usages du numérique, et ce, en prenant comme assise une vision de l'existence aux antipodes des cadres théoriques existants dans le domaine de la formation des maîtres et de l'enseignement à savoir l'ontologie de Gilles Deleuze et de Félix de Guattari (1987). Pour ce faire, nous poserons les questions suivantes: dans l'agencement de cette communication 1) comment les usages du numérique fonctionnent-ils? Et 2) que produisent-ils? Notre réflexion s'articulera autour de la rhizoanalyse (Masny, 2016) de deux vignettes tirées d'un projet de recherche consacré à la conception d'un dispositif de formation en ligne permettant, entre autres, aux enseignants de langues de tirer parti des bouleversements engendrés par l'usage d'innovations numériques dans leurs salles de classe. Cette expérimentation rhizomique pourrait alors nous aider à cartographier autrement le devenir des usages du numérique et à porter un regard neuf sur les choses en essayant de nous libérer des façons habituelles de percevoir le monde ainsi que les pratiques d'enseignement, de formation, de conception et de recherche. Notre but n'est donc pas de donner du sens, mais plutôt de créer un espace qui serait propice à l'émergence de nouvelles façons de concevoir et d'examiner la formation des enseignants, les usages du numérique et l'enseignement des langues ainsi que notre capacité à travailler de façon créative dans la différence, l'ambiguïté, et le désordre.


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