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Le Living Lab InteractiK : retour critique sur les conditions d'organisation et d'accompagnement par la recherche d'un dispositif d'expérimentation et d'innovation pédagogique
Julie Denouël  1@  , Sylvaine Besnier  1@  , Laurent Mell  1@  , Pascal Plantard  1@  
1 : Centre de Recherche sur lÉducation, les apprentissages et la didactique  (CREAD EA 3875)  -  Site web
Université européenne de Bretagne, Université de Brest, Ecole supérieure du professorat et de l'éducation, Université de Rennes 2 : EA3875

Notre contribution a pour objectif de proposer un retour d'expérience des chercheur.e.s engagé.e.s au sein du projet IDEE (Interactions Digitales pour l'Education et l'Enseignement, lauréat de l'Appel à Projet eFRAN). Structuré depuis une perspective pluridisciplinaire associant des approches anthropologiques, économiques, sociologiques et didactiques, ce projet de recherche vise à analyser et caractériser les modalités de transformation des usages de ressources numériques par les enseignants, dans une perspective de réduction des inégalités de parcours éducatifs.

L'un des objets de recherche du projet IDEE est d'analyser les modalités de mise en œuvre et les retombées professionnelles d'un living lab éducatif : le Living Lab Inter@ctik (désormais LLIK). Le LLIK a été créé par l'académie de Rennes en janvier 2017 au titre de sa mission de déploiement du numérique éducatif sur la région Bretagne. Reprenant les caractéristiques fondamentales du « living lab » comme méthode de recherche en innovation ouverte, le LLIK se déploie sous la forme d'un dispositif d'expérimentation et d'innovation pédagogique qui vise à favoriser la mise en place de communautés apprenantes (de professeurs mais aussi d'autres personnels d'éducation) selon deux axes : d'une part, l'incubation et l'appropriation de pratiques pédagogiques numériques par le partage de savoirs et la co-formation entre pairs, et, d'autre part, la création de liens avec les acteurs du territoire éducatif (collectivités, familles, associations, universités, centres de recherches, entreprises etc.). Le LLIK a également pour particularité de s'articuler autour de quatre coopératives pédagogiques numériques, positionnées dans chacun des quatre départements de la région Bretagne (une à Brest, une à Lannion, une à Lorient et une à Rennes) ; chaque coopérative étant définie comme un réseau d'établissements associant a minima une lycée, un collège et une école, ainsi qu'un ou plusieurs tiers lieux numériques (Fablab, espace public numérique, centre de ressources, médiathèque, local associatif, ressources du Campus numérique de Bretagne, etc.).

Dans ce contexte, nous, chercheur.e.s en Sciences Humaines et Sociales, avons pour objectif de veiller à créer les conditions d'une recherche participative avec l'ensemble des acteurs impliqués dans le LLIK (enseignants, personnels d'encadrement, élus et personnels d'accompagnement des collectivités territoriales, personnels d'encadrement de l'Académie et du Rectorat). Notre mission est notamment de contribuer à la création d'une dynamique de co-formation par la mobilisation des résultats de la recherche en e-education et e-formation, notamment ceux qui s'inscrivent dans une perspective critique (Baron, 2013 ; Collin et al., 2015 ; Denouël, 2017 ; Plantard, 2015). Il s'agit en outre d'accompagner les acteurs impliqués dans le LLIK dans l'appropriation des méthodes et résultats scientifiques liés aux pratiques numériques d'enseignement et d'apprentissage et dans le développement d'une posture réflexive de praticien-chercheur ; double mouvement dont on estime qu'il est propice à la mise en place d'une dynamique de transformation individuelle et collective des pratiques pédagogiques numériques, dans un objectif de lutte contre les inégalités éducatives.

Dans le cadre de cette communication, nous proposons de décrire et analyser les conditions d'émergence, d'organisation et d'accompagnement par la recherche de la dimension formative du Living Lab Inter@actik. Ce faisant, nous proposons de contribuer à l'axe « enjeux » du colloque, en questionnant notamment le potentiel transformatif des pratiques de recherche dans l'organisation des usages pédagogiques numériques. Notre intervention sera ainsi structurée en trois temps. Il s'agira tout d'abord de revenir sur la genèse de la méthode Living Lab. Dans un deuxième temps, nous focaliserons l'attention sur le Living Lab Inter@actik, dont nous décrirons les conditions d'émergence. Enfin, nous mettrons à jour et questionnerons des points de vigilance relatifs à l'imbrication, au sein du LLIK, de différents sphères professionnelles et de différents types d'acteurs dont l'engagement repose sur des valeurs et des finalités potentiellement différentes (élus et salariés des collectivités territoriales (relevant du niveau régional, départemental ou métropolitain), responsables de l'académie et du rectorat, communautés d'enseignants, équipes de chercheur.e.s, mais aussi commanditaires du projet - au niveau national à travers la Caisse des Dépôts qui finance les projets eFRAN-). Nous nous demanderons comment la dynamique de co-formation et de transformation des pratiques pédagogiques numériques qui se trouve au cœur du LLIK, peut prendre forme au regard des tensions générées par l'hétérogénéité des valeurs et des finalités traversant le projet.

Baron, G.L. (2013). La recherche francophone sur les « technologies » en éducation : Réflexions rétrospectives et prospectives, Sticef, vol. 20. En ligne.

Collin, S., Guichon, N. & Ntebutse, J. G. (2015). Une approche sociocritique des usages du numérique en éducation, Sticef, vol. 22. En ligne.

Denouel, J. (2017). L'école, le numérique et l'autonomie des élèves, Hermès, n°78, 80-86.

Plantard, P. (2015). Numérique et éducation encore un coup de « tablette magique » ?, Administration & Éducation, 2(146), 63-67.


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