Dans le cadre d'un programme IDEFI, un dispositif hybride de remédiation en anglais Lansad (LAngues pour Spécialistes d'Autres Disciplines) a été conçu puis mis en œuvre auprès d'étudiants de L1 dans notre université. L'évaluation menée pour rendre compte du projet à l'ANR (Agence Nationale de la Recherche) repose à la fois sur des éléments quantitatifs (nombre d'étudiants ciblés/effectifs/ayant obtenu un ECUE, un diplôme...) et des éléments qualitatifs (questionnaires de satisfaction) correspondant à une évaluation classique de dispositif de remédiation ou d'accompagnement (Salmon, Houart, et Slosse, 2011). Nous avons souhaité aller plus loin dans notre étude des usages du dispositif de façon à mieux en comprendre les ressorts profonds et optimiser son fonctionnement.
Pour ce faire, nous avons fait appel à deux méthodes. La première, décrite par Albero (2014), dans une approche "ternaire et trilogique", prend en compte "trois dimensions fondamentales, spécifiquement humaines, des relations entre acteurs et objets dans l'action" :
- celle "de l'idéel", qui combine idéaux, valeurs, etc. ("logique axiologique") et "construits conceptuels" à travers les représentations, les modèles, les théories convoqués par les acteurs ("logique épistémique"),
- celle du "fonctionnel de référence" à travers l'organisation des tâches, la définition des règles et des rôles des acteurs ("logique instrumentale de l'activité"),
- et celle du "vécu" à travers l'expérience effective des différents acteurs ("logique existentielle de l'activité").
Il convient alors d'analyser les degrés de convergence de ces trois dimensions et les degrés de convergence à l'intérieur de chacune d'elles, car, selon Albero (ibid.), c'est la convergence qui est garante du bon fonctionnement du dispositif. À cet effet, nous avons procédé à des entretiens, remanié les questionnaires existants et rassemblé les documents produits sur le dispositif, auprès des différents acteurs : coordonnateur, concepteurs, tuteurs, étudiants, administratifs.
La seconde méthode que nous avons utilisée est celle présentée par Villiot-Leclercq Deschryver, Lameul, et Rossier (2014). Elle permet de compléter l'étude du dispositif, tout d'abord en le caractérisant à l'aide du test Hy-Sup (http://spiralconnect.univ-lyon1.fr/hysup/), puis en l'analysant à la lumière des 14 composantes mentionnées par Burton, Mancuso et Peraya (2014).
Nous présenterons les résultats obtenus et discuterons des biais et des limites rencontrés dans notre étude ainsi que de ceux liés aux outils méthodologiques adoptés. Si nos premières conclusions ont tendance à monter un degré important de convergence assurant selon Albero (2014) un bon fonctionnement du dispositif, les résultats au test Hy-Sup sont plus déroutants, notamment sur la question du degré d'ouverture du dispositif alors qu'il est un véritable enjeu dans la conception et la mise en œuvre d'un dispositif hybride. En effet, comme le mentionnent Peraya, Charlier et Deschryver (2014), ce type de dispositif reflète : "les choix de ses concepteurs, relativement à leurs représentations de l'apprentissage et de l'enseignement, du contrôle et de l'ouverture du dispositif de formation (Jézégou, 2008), de l'organisation de l'espace et du temps, ainsi que du rôle joué par les médias dans le processus d'apprentissage".
Nous espérons, par cette communication, contribuer à la réflexion autour de l'axe méthodologique proposé par le colloque RUNED.
Albero, B. (2014). La pédagogie à l'université entre numérisation et massification. Apports et risques d'une mutation. In G. Lameul et C. Loisy (dir.), La pédagogie universitaire à l'heure du numérique. Louvain la Neuve : de Boeck.
Burton, R., Mancuso, G. & Peraya, D. (2014). Une méthodologie mixte pour l'étude des dispositifs hybrides. Quelle méthodologie pour analyser les dispositifs hybrides de formation ? Revue Éducation et Formation, e-301, 36-53. http://revueeducationformation.be/index.php?revue=19&page=3
Peraya, D., Charlier, B. & Deschryver, N. (2014). Une première approche de l'hybridation. Étudier les dispositifs hybrides de formation. Pourquoi ? Comment ? Revue Éducation et Formation, e-301, 15-34. http://revueeducationformation.be/index.php?revue=19&page=3
Salmon, D., Houart, H. & Slosse, P. (2011). Pourquoi mettre en place des dispositifs d'accompagnement et de remédiation, et comment en évaluer l'efficacité ? Dans P. Parmentier (dir.), Recherches et actions en faveur de la réussite en première année universitaire (p. 32-38). Namur : Presses universitaires de Namur.
Villiot-Leclercq, E., Deschryver, N. Lameul, G et Rossier, A. (2014). Illustration d'une relation entre recherche et action dans le projet Hy-sup. Dans G. Lameul et C. Loisy (dir.), La pédagogie universitaire à l'heure du numérique. Louvain la Neuve : de Boeck.